Pauline Croze, et sa mère, partie
- justinepujolle
- 29 déc. 2024
- 3 min de lecture
Chanson & Clip officiel Tu es partout de Pauline Croze
En 2018, la chanteuse et musicienne Pauline Croze dédiait une chanson touchante de son album Ne rien faire à sa mère, partie. Partie, mais partout.
“Tu es, depuis que tu es partie, tu es partout” — Pauline Croze
Dans cette chanson, avec une belle maîtrise de l'économie des mots, l'artiste revient poétiquement sur sa peine laissée par le vide. Elle y évoque, aussi, quelques paroles échangées avec sa maman, dont la présence est devenue aussi discrète qu'omniprésente…
“Diamant, tu continues de briller, de m'irradier en secret ” — Pauline Croze
Dans le clip, réalisé par Romane Guéret et Lise Akoka (Balthazar Lab à l'image et cadre ; Héloïse Pelloquet au montage ; une production Les Films Velvet), la caméra suit une jeune fille dans un rêve troublant.
Sur la plage, une jeune fille semble flotter paisiblement face au soleil. Rapidement, le plan se resserre sur son visage alors qu'elle sort de l'eau, l'air hagard et interrogateur. Sur la plage qu'elle arpente, elle est à la recherche… de quelque chose, de quelqu'un. Supposément de ses parents, de sa famille qu'elle a perdu de vue.
Puis, les secondes deviennent des minutes, longues, dans l'attente de les retrouver. Les plans de face, de dos et en 360° s'agitent à mesure que la panique la gagne… avant la tristesse. Parmi les nombreuses figures féminines sur cette plage, aucune n'est celle qu'elle recherche.
Esseulée, l'abandon est palpable, renforcé par les couleurs estivales, tantôt édulcorées, tantôt acidulées, parfois criardes, qui contrastent avec l'émotion de la situation. Tout comme les ballons, les crèmes glacées, les transats et autres chapeaux de paille.
Au détour d'un parasol, la fillette croise Pauline Croze, assise sur sa natte, elle aussi émue. Comme perdue dans ses souvenirs, les larmes sont au bord de ses yeux rougis. Les regards échangés laissent imaginer la compréhension et la réciprocité de leur sentiment respectif.
“Cette peine fait tant désordre, je ne sais où la ranger, la ranger, y' pas de planque”
— Pauline Croze
Et si… dans sa peine d'adulte, l'artiste évoquait – avec le personnage de cette fillette – la peine et l'émotion ressenties, plus jeune, lorsque l'on croit perdre ses parents ? Comme si, ces deux figures suggéraient presque finalement une seule et même personne à deux moments de vie différents. Petite ou grande, la peine et l'impression de perte sont semblables.
Autre idée… et si… Pauline Croze incarnait l'évocation de sa mère ? Théoriquement partie, mais physiquement présente sur cette plage, décor cauchemardé. Vêtue d'un maillot de bain jaune, couleur spirituelle de la sagesse et de la perte, une mère partout, émue car elle, aussi, perd sa chair. Au détour d'une œillade prolongée et partagée, d'un regard, elle veille sur son enfant, un dernier adieu qui accompagnera sa fille dans la vie qui continue, après.
Quelque temps s'écoule et la jeune fille respire tout en reprenant son chemin traversant le banc de sable, les serviettes et les familles. Le plan s'arrête sur ses jambes qui continuent de parcourir la plage, seule malgré le monde autour. Métaphore d'un chemin, d'une séparation qui se fera dans la solitude. Gravitant autour de son visage, si la caméra filme toujours ces pleurs, l'expression du visage semble dire l'acceptation… quand bien même douloureuse.
“J'apprends cette leçon de la vie et je la prends en beauté, en beauté comme une claque”
— Pauline Croze
Le deuil, une blessure qui prend du temps à cicatriser, un trauma qui se rappelle à nous, et qui parfois s'exprime la nuit, avec une émotion qui gagne au lit dans les rêves et les cauchemars troublés.
Et pour finir, un plan vertical, frontal – symbolique, comme depuis les cieux – sur cette petite fille mouillée dans les draps bleus : la mer. La mère ? Rappelez-vous, partout.
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